Sphère ORL : thérapie oro-myofonctionnelle

Qu’est-ce qu’un Trouble Myofonctionnel Orofacial (TMO) ?

Le terme Trouble Myofonctionnel Orofacial est un terme générique qui qualifie toute altération d’une ou de plusieurs fonction(s) impliquant les muscles orofaciaux, telle(s) que : la respiration, la déglutition, la mastication, la parole et/ou la position de repos des muscles orofaciaux. Ces fonctions jouant un rôle majeur tout au long de la vie, le nourrisson, l’enfant, l’adolescent, l’adulte et la personne âgée peuvent être concernés.

Quels sont les signes ?

Les manifestations des troubles varient en fonction de l’âge. Les signes les plus fréquents, indépendamment de l’âge, sont : une respiration buccale ou mixte persistante ; une incompétence labiale au repos et/ou en déglutition ; une position basse et/ou propulsive de la langue ; des difficultés respiratoires durant l’éveil ou le sommeil ; un manque de mobilité, de sensibilité, de tonicité et/ou de coordination des muscles orofaciaux.

Chez le nourrisson, les troubles se manifestent principalement lors de la fonction de succion nutritive : mauvaise prise au sein ou au biberon ; difficultés de coordination entre la succion/déglutition/respiration ; réflexe nauséeux excessif,…

Chez le jeune enfant en développement, les signes peuvent apparaître dès la diversification alimentaire : difficultés de préparation du bolus alimentaire ; difficultés de gestion des morceaux ; inefficacité de la mastication et/ou de la déglutition. L’altération de la fonction de déglutition peut aussi se manifester par une position propulsive de la langue et/ou bavage persistant. Enfin, les troubles peuvent s’exprimer par une altération de la précision articulatoire des sons de la parole.

Toutes ces manifestations peuvent persister chez l’enfant d’âge scolaire, l’adolescent, l’adulte et la personne âgée, mais prennent souvent une tournure moins saillante : position basse et/oui propulsive de la langue au repos ou en déglutition (qui est souvent qualifiée de déglutition « dysfonctionnelle», « atypique » ou « infantile »), comportements compensatoires comme une hyper-contraction labiale au repos ou en déglutition apparaissent. Les bruxismes d’éveil et de sommeil (grincement, serrage dentaire et/ou contraction des muscles masticateurs au repos) et les altérations de l’articulation temporo-mandibulaire sont également répertoriés sous l’appellation TMO.

Quelles sont les causes ?

Les causes proviennent d’une interaction entre des comportements acquis (ex. : la succion non-nutritive persistante, onychophagie, …), des variables physiques et structurelles (ex. : un frein lingual restrictif, végétations obstructives,… ), des facteurs environnementaux (ex. : une alimentation molle, une utilisation prolongée du biberon) et des facteurs génétiques et épigénétique méconnus à ce jour.

La plupart du temps, les TMO sont considérés comme développementaux, avec une origine multifactorielle dans la petite enfance. Plus un trouble s’installe, plus les causes et conséquences forment un cercle vicieux dont il est difficile d’identifier les causes primaires. Les conséquences deviennent à leur tour des causes empêchant la normalisation des fonctions.
Parmi les causes des TMO « développementaux », on retrouve indistinctement :

– Les allergies respiratoires
– Une utilisation prolongée de la tétine (au-delà d’1 an)
– Une utilisation prolongée du biberon
– Une succion digitale persistante
– L’absence d’allaitement ou un allaitement non exclusif
– Une alimentation basée sur des textures molles
– Un frein lingual restrictif
– Une hypertrophie des tissus lymphoïdes (amygdales et végétations)
– Une déviation de la cloison nasale
– L’onychophagie (ronger ses ongles)
– La pollution de l’air
– Le reflux gastro-œsophagien
– L’hérédité du faciès

Les TMO sont très fréquemment rencontrés dans le cadre d’autres pathologies affectant la sphère orofaciale (ex. : prématurité, syndrome de Down, fente labio-palatine, syndrome de Pierre Robin, cancer oropharyngé, pathologie neurodégénérative, …). Il arrive également qu’ils apparaissent consécutivement à un traumatisme ou à une opération de la sphère orofaciale.

Quelles sont les conséquences ?

Les TMO peuvent interférer avec l’alimentation sous toutes ses facettes, du nourrisson à la personne âgée (difficultés d’allaitement, troubles alimentaires pédiatriques, dysphagie, …). Ils participent aux développement et au maintien de dysmorphoses craniofaciales (hypomaxillie, rétrognathie, …) et de malocclusions dentaires persistantes (béances, articulés croisés, …) . De ce fait, ils favorisent la récidives après un traitement orthodontique et peuvent affecter l’esthétique faciale (faciès allongé, cernes, sourire gingival, …) . Ils interfèrent fortement avec la qualité du sommeil (ronflements, haute résistance des voies aériennes supérieures, apnées obstructives ,…) et peuvent perturber les apprentissages scolaires et la qualité de vie générale.

Les TMO peuvent potentiellement altérer la qualité vocale et la santé bucco-dentaire et générer des douleurs orofaciales, tensions cervicales, céphalées et altérations de la posture. Source

LA THERAPIE MYOFONCTIONNELLE

Terminologie francophone

Les termes francophones pour qualifier la prise en charge se démultiplient en fonction des écoles de pensées : “myothérapie orofaciale fonctionnelle”, “réhabilitation neuromusculaire orale”, “rééducation des dyspraxies linguales”, “rééducation oro-maxillo-faciale”, “logopédie myofonctionnelle”, “rehabilitation oro-sensori-motrice”, “myothérapie orale”, “myothérapie orofaciale”,… et sont parfois spécifiques à une seule partie du trouble : “rééducation des dyspraxies linguales”, “kinésithérapie linguale”, “rééducation de la déglutition atypique”,… Source

Définitions

La thérapie myofonctionnelle – éducation neuromusculaire – vise à corriger des habitudes motrices pathologiques exercées lors de différentes fonctions (respiration, la position de repos labio-lingual, la déglutition, la mastication et la phonation). Elle s’adresse à la personne qui présente un profil hypotonique, une respiration buccale et une position linguale de repos inadéquate. Source

« Traitement des troubles oro-faciaux caractérisé par des exercices thérapeutiques visant à corriger les fonctions anormales des muscles linguaux et péribuccaux » (selon CAMPOLINI (C.), VAN HÖVELL (V), VANSTEELANDT (A) : « Dictionnaire logopédique : les troubles logopédiques de la sphère O.R.L. », Ed.Peeters, 1998, série pédagogique de l’institut de linguistique de Louvain (SPILL)).

La rééducation myofonctionnelle peut se mettre en place dans le cadre d’une opération maxillo-faciale et/ou  d’un traitement orthodontique. La fonction adéquate des muscles linguaux et péribuccaux étant la seule garante d’une efficacité durable.

La rééducation, à la fois sensitive et musculaire,  portera notamment sur :
– Développement des sensations kinesthésiques et proprioceptives
– Stimulation de la fonction linguale
– Ventilation naso-nasale
– Tonification bucco-linguo-faciale
– Rééquilibration du tonus
– Placement adéquat de l’apex lingual
– Développement d’une mastication adéquate
– Installation d’une déglutition fonctionnelle
– Résorption des troubles articulatoires
–  Résorption des troubles phonatoires

!! Chaque patient est unique et vient avec son propre vécu et ses propres difficultés; les principes de rééducation sont donc toujours adaptés à chacun. C’est le bilan logopédique initial qui définira le projet thérapeutique précis. Source

Origine

Il fut constaté, dès le début du XXe siècle, que le dysfonctionnement des muscles faciaux pouvait avoir des répercussions négatives sur l’expression verbale et la morphologie de la dentition. Cette constatation motiva le développement de différents exercices destinés aux muscles du visage. Dans les années 1960, Walter J. Straub présenta un premier système myofonctionnel pour le traitement des erreurs de prononciation. Suite à cela, de nombreux autres systèmes TMF furent développés aux Etats-Unis. Aujourd’hui, le concept thérapeutique myofonctionnel le plus répandu en Europe est dû à l’orthophoniste Daniel Garliner qui, dans les années 1970, publia de nombreux articles scientifiques sur la thérapie myofonctionnelle et présenta des cours (entre autres, en Allemagne) sur ce sujet. Maintenant, son système didactique et pratique est enseigné et développé dans différentes écoles à travers toute l’Europe. Source

Principes

La thérapie myofonctionnelle est utilisée pour le traitement des désordres myofonctionnels. Il s’agit de troubles des mouvements et de la tension de base des muscles internes et externes de la bouche. Normalement, les forces de la langue et des autres muscles de la bouche s’équilibrent et permettent, grâce à une coopération harmonieuse, une déglutition sans problèmes. Lorsque l’on se trouve en présence de troubles myofonctionnels, la déglutition est gênée : pendant la déglutition, au lieu de se presser contre le palais, la langue est pressée contre ou entre les incisives et les molaires. De ce fait, elle ne peut plus transporter une quantité suffisante de nourriture, de boisson ou de salive et la musculature buccale avoisinante doit reprendre une partie de ces fonctions.

Une mauvaise déglutition de ce type peut avoir des conséquences considérables pour la musculature buccale et pour les dents. Une mauvaise position de la langue au repos, des troubles de la prononciation, une respiration permanente par la bouche et donc une propension à développer des infections des voies respiratoires, une mauvaise position des dents, des déformations des os maxillaires et des troubles de l’articulation temporo-maxillaire sont les effets les plus fréquents des désordres myofonctionnels. Ils peuvent également entraîner des lésions de la musculature faciale et des problèmes de tonicité et de posture de tout le corps.

Les troubles myofonctionnels peuvent avoir différentes origines : nourrir le bébé au biberon au lieu de l’allaiter au sein, le fait de continuellement sucer son pouce ou de se ronger les ongles, les difficultés de respirer par le nez à cause d’allergies, une dystrophie des amygdales ou des polypes, ainsi que des anomalies de l’ossature faciale. Source

Implications orthodontiques

Ces types de dysfonctionnement peuvent mener à un développement anormal des dents, du visage et des mâchoires de l’enfant. De même, ils peuvent contribuer à l’apparition des troubles de la prononciation, des infections respiratoires (respiration buccale) et des troubles de l’articulation des mâchoires. Source

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Les logopédistes peuvent assurer le traitement, ainsi que les kinésithérapeutes :

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