La dyschronie

Imaginez-vous que vous ne parveniez pas à fixer un souvenir dans le temps ni à vous projeter dans l’avenir ?

Et encore moins à dire à quelle saison nous sommes, quel jour, quel mois ?

Et bien c’est ce que vivent vos élèves atteints de dyschronie.

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Définition

La dyschronie consiste en une difficulté à appréhender toute notion du temps ou organisation temporelle. C’est une pathologie très peu étudiée, bien qu’elle semble fréquemment accompagner les autres troubles « dys » et le TDA/H.

Elle se caractérise par une peine à se repérer dans le passé et par une absence de projection dans le futur (la notion du temps se limite alors souvent à hier et demain). Les enfants atteints ne parviennent pas à se situer dans le temps et n’arrivent souvent pas à dire dans quel mois, saison, voire année, ils sont.

Signes

La dyschronie n’étant pas vraiment étudiée, les signes ci-dessous découlent d’observations de parents et non pas d’études scientifiques:

  • Notion du temps inexistante ou instable: ne sait généralement pas quelle partie de la journée, ou de la semaine, il est en train de vivre et cela, malgré des repères tels que les repas ou les journées d’école.
  • Difficulté pour apprendre à lire l’heure: va apprendre à lire l’heure plus tard que les autres enfants et aura de la peine à en comprendre les concepts généraux (exemples: 13 heures = 1 heure de l’après midi, 00 heures = minuit).
  • Difficulté à retenir les notions temporelles: a de la peine à situer les mois de l’année (lequel vient après lequel, quel mois on est), les semaines, les saisons, les équivalences de temps (une semaine = 7 jours, une année = 365 jours = 12 mois, etc.).
  • Difficulté à gérer le temps en conjugaison: parvient difficilement à faire correspondre un temps (passé, futur, présent) avec des termes tels que hier, demain, maintenant, etc.
Facteurs de risque

Les facteurs de risque ont surtout été étudiés dans le cadre de la dyslexie mais sont probablement similaires pour les autres troubles «dys».

Hérédité

Un garçon de père dyslexique aurait 40% de risque de l’être également, et 35% si c’est sa mère qui l’est. Pour une fille, les risques seraient moins élevés, à savoir de 17% (quel que soit le parent affecté).

De manière générale, on estime que le risque d’être dyslexique est multiplié par quatre, voire davantage, si l’enfant est issu d’une famille dans laquelle un des parents proches est dyslexique. Par conséquent, il est important de savoir s’il y a déjà eu des cas de dyslexie dans la famille, même élargie, et de porter cette donnée à la connaissance des thérapeutes consultés.

Trouble du langage

Une mauvaise maîtrise du langage oral (retard de langage ou dysphasie) précède souvent ou accompagne les dyslexies. Au moins une personne sur deux ayant connu un trouble du langage est diagnostiquée dyslexique par la suite.

Sexe

Les risques d’être dyslexique sont de 4 à 6 fois supérieurs pour un garçon que pour une fille.

Être gaucher

On retrouve 20 à 30% de gauchers ou ambidextres chez les dyslexiques alors qu’ils ne représentent que 6 à 10% de la population globale.

Déficit en certains acides gras

Il est possible qu’un léger dysfonctionnement du métabolisme des acides gras insaturés soit un facteur (additionnel ou originel) à considérer. Cette piste est encore à l’étude.

Et aussi, bien que cela ne soit pas encore avéré de manière certaine, il est plausible que la prématurité, le retard de croissance intra-utérin (RCIU) et la souffrance néonatale augmentent les risques de dyslexie.

Diagnostic

La dyschronie ne se diagnostique pas vraiment. Etant donné que ce n’est jamais un trouble isolé, elle est souvent repérée subsidiairement au cours de tests généraux. Néanmoins, un parent ou un enseignant peut aisément suspecter une dyschronie puisque les symptômes sont assez évidents : l’enfant ne parvient pas à se repérer dans le temps (heure, jour, mois, saison…) à un âge où cela ne pose aucun problème aux autres enfants.

Conseils

Il n’existe aujourd’hui aucun traitement définitif réellement efficace pour les troubles « dys ». C’est généralement une rééducation de longue haleine qui attend les enfants (et les parents) confrontés à des troubles d’apprentissage de ce type. Cependant de nombreux « dys » parviennent à compenser leurs difficultés une fois arrivés à l’âge adulte.

Pour les troubles « dys » en général, une supplémentation en oméga-3 pourrait être bénéfique. Les effets de ces acides gras sur les troubles « dys » ne sont pas prouvés, mais ils représentent néanmoins une piste à considérer.

Pour améliorer l’appréhension temporelle,

  • Faire appel à ses talents de bricoleur et fabriquer des supports visuels : les mois d’une saison ou d’une année entière à afficher dans la chambre avec des symboles pour les représenter (par exemple, étirer une corde sur un mur et accrocher à l’aide de pinces à linge des images représentant des événements “match de hockey le 25 mars”, “piscine les lundis”, des feuilles d’arbres roussies pour l’automne, des fleurs séchées pour le printemps, etc.).
  • Penser à structurer les journées de l’enfant afin qu’il ait un maximum de repères temporels et énoncer régulièrement le déroulement des activités. Exemples : « nous irons à la forêt à 15h. », « demain, nous irons à la bibliothèque le matin et au cinéma l’après-midi », etc.
  • Acheter une montre d’apprentissage de lecture de l’heure à l’enfant ou une montre digitale et lui demander régulièrement l’heure.
Troubles associés

La dyschronie est généralement associée à d’autres troubles « dys »,  la dyslexie, la dysphasie et la dyspraxie en particulier.

Dans la nature, tout est rythmes, séquences, différenciations successives. Les premiers rythmes sont bien sûr associés à la nature, de ces éléments qui se répètent inlassablement comme le jour et la nuit, les marées, les saisons, etc.

Les fonctions de l’organisme aussi diverses que le système veille/sommeil, la température corporelle, la pression artérielle, la production d’hormones, la fréquence cardiaque, mais aussi les capacités cognitives, l’humeur ou encore la mémoire sont régulées par le rythme circadien (24 heures). Ce rythme est généré par l’être humain lui-même. Cette horloge se trouve dans l’hypothalamus et est composée de deux noyaux suprachiasmatiques contenant chacun environ 10.000 neurones qui présentent une activité électrique oscillant sur 23h30 à 24h30 en moyenne. Cette activité électrique est contrôlée par l’expression cyclique d’une quinzaine de gènes dits « horloge ». Cette variation individuelle qui génèrerait des habitudes de vie et de sommeil individuelles doit être synchronisée par des facteurs extérieurs, dont la lumière.

  • Ce rythme s’exprime également à travers des tâches cognitives, car tout est alternance :
    • L’écriture est une succession de dessins,
    • La parole une succession de sons,
    • Le calcul une succession de quantités et de traits abstraits, etc.

Même une perception unitaire est d’abord une succession de traits. Par exemple, une porte, avant d’être appréhendée dans sa globalité, est appréhendée dans une succession de traits : panneaux verticaux et horizontaux, poignée à telle hauteur, etc.

Le temps comporte 3 composantes reprises dans le prochain graphisme : l’ordonnance des événements et sa construction et la repère temporel. Quand tel événement s’est-il passé et selon quelles modalités ?

La gestion du temps, si importante dans le développement de l’enfant et dans ses apprentissages, évolue lentement.
Evolution de l’analyse et de la structuration temporelle
Périodes de l’enfance Aspects temporels Exemples de conduites temporelles
0 – 1 an ½ Perception de rythmes
Premiers aspects temporels
Permanence de l’objet/de soi
Représentation d’événements du temps proche
Activités rythmiques (succion…)
Attendre, désirer
Imitation différée d’actions familières
1 an ½ – 4/5 ans Développement des marques temporelles dans le langage
Soi étendu temporellement
Ordre d’événements du temps proche au temps lointain
Présent, futur, passé, adverbes temporels
Reconnaissance de soi à différents âges, début des récits autobiographiques
Petites narrations quotidiennes construites avec le parent puis par l’enfant seul
Systèmes de repérage avant/après : certains événements servent de repères à d’autres
Planification d’actions
5/6 ans – 10/11 ans Temps conventionnel : ordre, récurrence
Calculs temporels : durée, vitesse
Temps historique
Les heures, les jours, les mois comme références
Comparer des durées, des âges, résoudre des problèmes de vitesse, de durée de trajet
Situations d’apprentissage de l’histoire (siècle, millénaire…)
Comparer le présent et le passé lointain pour le comprendre
Début de la compréhension du temps comme une construction humaine

Evolution de la notion temporelle d’après Valérie Tartas (*1).

La dyschronie

La dyschronie est une difficulté à appréhender toute notion du temps ou organisation temporelle. C’est une pathologie très peu étudiée, bien qu’elle semble fréquemment accompagner les autres troubles DYS et le TDA/H. Elle se caractérise par une peine à se repérer dans le passé et par une absence de projection dans le futur (la notion du temps se limite alors souvent à hier et demain). Les enfants atteints ne parviennent pas à se situer dans le temps et n’arrivent souvent pas à dire dans quel mois, quelle saison, voire quelle année, ils se situent.

  • La dyschronie n’étant pas vraiment étudiée, les signes ci-dessous découlent d’observations de parents et d’enseignants et non pas d’études scientifiques:
    • Notion du temps inexistante ou instable : ne sait généralement pas quelle partie de la journée, ou de la semaine, il est en train de vivre et cela, malgré des repères tels que les repas ou les journées d’école.
    • Difficultés pour apprendre à lire l’heure : va apprendre à lire l’heure plus tard que les autres enfants et aura de la peine à en comprendre les concepts généraux (exemples: 13 heures = 1 heure de l’après-midi, 00 heure = minuit).
    • Difficulté à retenir les notions temporelles : a de la peine à situer les mois de l’année (lequel vient après lequel, quel mois on est), les semaines, les saisons, les équivalences de temps (une semaine = 7 jours, une année = 365 jours = 12 mois, etc.).
    • Difficulté à gérer le temps en conjugaison : parvient difficilement à faire correspondre un temps (passé, futur, présent) avec des termes tels que hier, demain, maintenant, etc.

Évaluation d’un trouble

On peut aussi, plus précisément en rééducation, étudier la conscience d’un tempo de l’enfant.

D’une manière générale, tout le traitement séquentiel des informations est perturbé et on peut l’évaluer à l’aide de la K-ABC II.

Epreuve de tempo spontané et de reproduction de structures rythmiques auditives de Mira Stambak : nouvel étalonnage – E. PIREYRE – Evolution Psychomotrice – Vol.12, n° 47, 2000.

Les trois épreuves de rythme de Mira STAMBAK peuvent être passées à partir de 5 ans, 6 ans pour le nouvel étalonnage et jusqu’à 12 ans. La réalisation des épreuves fait appel à la capacité d’appréhension perceptive, la fixation par la mémoire et l’intervention motrice dans la reproduction. Le tout renseigne sur la structuration temporelle grâce au tempo spontané, la compréhension du symbolisme et la reproduction de structures rythmiques. Il s’agit de 21 structures sonores à reproduire de différentes manières. On peut aussi montrer la structure rythmique sur un carton, la produire et demander à l’enfant de la désigner. Etalonnage de 6 à 15 ans.

Le problème du rythme dans le développement de l’enfant et dans les dyslexies d’évolution.

  • On a encore :
    • le temps spontané : s’orienter et se situer dans le temps (en fonction de l’âge) ;
    • le temps auditivo-kinesthésique : voir le test de Mira Stambak ;
    • le temps frappé : voir le test de Mira Stambak.
    • le temps marché : séquences motrices de déplacements en rythme.

Au niveau visuel, on peut utiliser les algorithmes, c’est-à-dire une façon systématique de procéder pour faire quelque chose : trier des objets, situer des villes sur une carte, multiplier deux nombres, extraire une racine carrée, chercher un mot dans le dictionnaire… Ici, à un niveau plus élémentaire, on utilise des séquences graphiques dont il s’agit de décoder la structure rythmique pour la reproduire et la poursuivre. On peut utiliser les séquences logiques de lettres, de chiffres, de dessins, de figures géométriques (type éléments d’architecture grecque). Les tests des Matrices de Raven et le Leiter-R de Rold et Miller peuvent aussi être utilisés.

(*1) : Le développement de la notion temporelle par l’enfant, Revue Développement, De Boeck, 2010 1/4.

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