LANGAGE ORAL : les dyslalies

Votre enfant a des difficultés à se faire comprendre ? Il n’articule pas bien, déforme ou oublie des sons ? Il pourrait présenter un trouble d’articulation. Les troubles de l’articulation font partie des troubles des sons de la parole. Ils correspondent à une erreur permanente et systématique de l’exécution du mouvement pour articuler. Contrairement aux troubles du langage, ils ne constituent pas un retard langagier, mais concernent les mouvements nécessaires à la production d’un son. Découvrez et téléchargez dans cet article, notre infographie sur les causes possibles des troubles de l’articulation. 

Troubles de l’articulation : plusieurs causes possibles

Les raisons de ces troubles peuvent être multiples et sont souvent moins faciles à déceler que la distorsion des sons : c’est la partie immergée de l’iceberg ! Ainsi, si votre enfant présente des troubles de l’articulation, s’il zozote ou parle comme s’il avait une patate chaude dans la bouche, il faudra veiller à en rechercher la cause. Par exemple, il pourrait s’agir d’un problème d’audition, de déglutition ou encore d’un problème anatomique.

Pour savoir s’il existe un trouble de l’articulation, on se base sur l’âge d’acquisition des sons. On considère qu’à partir de 3 ans et demi, un enfant doit être intelligible par tout le monde. Cela ne veut pas dire que tous les sons sont acquis. Si ce n’est pas le cas, il faut consulter un ORL pour vérifier l’audition et un orthophoniste. À partir de 4 ans, tous les sons devraient être acquis à part certains sons comme CH, SS, ZZ, RR, LL, JJ. Ces sons plus complexes seront acquis plus tard vers 5-6 ans, voire 7 ans.

Il n’est jamais trop tard pour consulter, même pour un adulte cela peut être bénéfique. Cependant, il est aussi important de prendre en charge le trouble d’articulation le plus tôt possible soit vers 4-5 ans, et surtout avant l’entrée dans le langage écrit au CP pour au moins stimuler les sons.

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Que sont les troubles de l’articulation ?

À l’origine de l’articulation, il y a du souffle. Je prends de l’air puis je l’expire. Ensuite, il y a des organes buccaux phonateurs : la langue, les dents, les cordes vocales, le voile du palais… Selon la position de ces organes buccaux phonateurs, on va pouvoir faire différents sons.

Un trouble d’articulation, c’est donc une erreur permanente et systématique de l’exécution du mouvement pour articuler.

Pour savoir s’il existe un trouble de l’articulation, on se base sur l’âge d’acquisition des sons.

Mais il existe également d’autres signaux d’alerte pour détecter des troubles d’articulation. Sophie prend l’exemple d’un iceberg qui a une partie émergée : ce qu’on entend « sapeau » pour « chapeau » et une partie immergée : le bavage, l’anatomie, la déglutition, etc. Il existe en effet plein d’indices à prendre en compte pour déterminer un trouble d’articulation.

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TROUBLE DU DÉVELOPPEMENT DES SONS DE LA PAROLE

Les troubles du développement des sons de la parole (TDSP) forment une sous-catégorie de difficultés parmi les troubles de la communication.  Les TDSP regroupent, entre autres, les sous-types de troubles suivants :

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PROFIL DE TROUBLE D’ARTICULATION

Le trouble d’articulation ou « sigmatisme » est un trouble du développement des sons de la parole qui perturbe l’articulation de certains sons, le plus souvent les sons «s», «z», «ch» ou «j» et parfois les sons «t», «d» et «n». Une personne ayant un sigmatisme réussit habituellement à bien se faire comprendre.

3 types de sigmatismes sont le plus souvent rencontrés :

  • Interdental : le bout de la langue se place entre les dents et elle est donc visible lors de l’articulation.
  • Addental : le bout de la langue se colle derrière les dents supérieures lors de la production des sons.
  • Latéral: les côtés de la langue sont flasques. L’air, qui passe normalement au centre, est plutôt dirigé d’un côté de la bouche ou des deux côtés. Souvent, on entend le bruit de l’air.

Le sigmatisme interdental et le sigmatisme addental font référence aux termes « parler sur le bout de la langue ou zozoter ». Le sigmatisme latéral peut être nommé « chuintement ou schlintement » et il donne l’impression « d’une patate chaude dans la bouche ».

Au cours du développement normal, plusieurs enfants peuvent avoir un sigmatisme interdental ou addental, qui disparaît habituellement à la fin de la maternelle. Il est possible que cela persiste au-delà de cet âge. Afin de maximiser l’efficacité du traitement, l’intervention débute généralement vers l’âge de 7 ans, lorsque les dents d’adulte sont poussées (incisives centrales). Avant l’âge de 7 ans, il peut tout de même être pertinent de consulter en orthophonie afin de vous assurer que toutes les conditions sont en place pour que le sigmatisme s’estompe de lui-même au fil du temps (ex.: respirer la bouche fermée, éliminer les habitudes orales nuisibles telles que mettre des objets dans sa bouche, etc.).

Le sigmatisme latéral, quant à lui, ne fait pas partie du développement normal. Il est donc préférable de consulter en orthophonie le plus tôt possible.

La cause exacte du sigmatisme demeure inconnue. Toutefois, il existe plusieurs théories qui peuvent expliquer son développement. Le fait d’avoir sucé son pouce, conservé sa suce longtemps ou d’avoir une respiration buccale (bouche ouverte) peut avoir contribué au mauvais positionnement de la langue, et donc au sigmatisme. Le trouble peut également être associé à une déglutition atypique, c’est-à-dire que l’enfant avale en poussant la langue vers l’avant.

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Les différentes dyslalies

Sigmatisme : trouble d’articulation affectant la prononciation des consonnes constrictives sifflantes [s], [z], [ʃ], [ʒ]. Le terme de sigmatisme vient du grec sigma, nom de la lettre S. Presque tous les sigmatismes sont des distorsions.

Sigmatisme interdental : trouble d’articulation encore appelé zozotement ou zézaiement : la pointe de la langue vient se placer entre les arcades dentaires pour la prononciation des consonnes [s], [z], [t], [d], [n].

Sigmatisme latéral : trouble d’articulation : l’air s’écoule non pas dans la gouttière médiane lors de la prononciation des consonnes [s], [z], [ʃ], [ʒ] mais sort uni ou bilatéralement entre les arcades dentaires et les joues = schlintement = chuintement

Jouyement : sigmatisme latéral, mais les joues sont hypotoniques lors de la sortie de l’air et la langue ne s’applique pas au palais.

Susseyement : En phonétique, défaut de prononciation avec remplacement du son [ʃ] par [s]. Source

Rhotacisme : trouble d’articulation, de type omission, qui touche le phonème [R]. La lettre R s’appelant rho en grec, a donné son nom au trouble.

Pararhotacisme : trouble d’articulation, de type substitution systématique du [R] par le [l] dans la chaîne parlée, voire [n] et plus rarement par [t,w, g, ng, s, ds].

Lambdacisme : trouble d’articulation affectant la prononciation du phonème [l] (qui se dit lambda en grec, d’où le nom du trouble). La pointe de la langue ne se relève pas suffisamment pour produire le phonème ; il est alors systématiquement remplacé par la semi-voyelle [j].

L’omission du [R] est appelée le « chinoanisme« .

Paralambdacisme : Substitution de [l] par [n] ou /gn/ et plus rarement par [d, t, s, ʒ, R].

Deltacisme : Dyslalie de [t] et [d], souvent substitution par [R] ou [v].

Rhinolalie : nom donné aux troubles de la phonation déterminés par des modifications de la résonnance des cavités nasales.

Rhinolalie fermée : modification de la voix due à la suppression de la perméabilité nasale, par la présence d’un obstacle empêchant l’écoulement normal de l’air phonateur. Si l’obstacle est situé en arrière, le patient ne peut plus émettre les voyelles nasales = stomatolalie. Si l’obstacle est situé dans la partie antérieure des fosses nasales, il y a excès de résonance = nasillement ou voix de polichinelle.

Rhinolalie ouverte : modification de la voix due à une exagération de la perméabilité nasale (paralysie, perforation de la voûte palatine ou du voile du palais, etc.). Les phonèmes occlusifs non nasalisés et les phonèmes constrictifs ne peuvent pas être correctement manipulés, les voyelles orales prennent un timbre nasal = nasonnement

Source : Dictionnaire d’orthophonie – Ortho Editions

Clichement : Défaut de prononciation se caractérisant par le fait d’additionner le son [j] mouillé, positionné après certaines consonnes. Une consonne mouillée est articulée avec les son [j]. Exemple : « chilluchoter » au lieu de « chuchoter ». Source

Mytacisme : Défaut de prononciation se caractérisant par la désonorisation des consonnes sonores. [b, d g et v, z, ʒ] sont remplacées respectivement par [p, t, k et f, s, ʃ]. « La Parole et les troubles de la parole » Georges ROUMA

Gammacisme : Dyslalie de [k] et [g]

Paragammacisme : Substitution de [k] et/ou [g] par [t] et/ou [d].

Hottentottisme : Accumulation de multiples dyslalies rendant le langage incompréhensible.

PROFIL DE TROUBLE PHONOLOGIQUE

Le trouble phonologique est un trouble du développement des sons de la parole qui affecte la prononciation des sons et des mots. Pour parler d’un trouble phonologique, seule la prononciation doit être affectée dans le langage de l’enfant. Habituellement, plusieurs sons sont touchés et ils sont transformés pour d’autres sons du français. Contrairement au profil du trouble de l’articulation, un enfant ayant un trouble phonologique aura souvent de la difficulté à se faire comprendre. Étant donné que plusieurs transformations de sons sont normales chez le jeune enfant, il s’agit d’un trouble phonologique seulement si les transformations de sons sont toujours présentes au-delà de l’âge normal et qu’elles persistent dans le temps. Contrairement au profil de dyspraxie verbale, un enfant avec un trouble phonologique produira des transformations de sons qui sont stables, c’est-à-dire qu’une même transformation se produira dans tous les mots et dans toutes les phrases. Par exemple, l’enfant qui produit le « t » au lieu du « s » produira le mot « sapin » comme « tapin » et le mot « poisson » comme « poiton ».

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PROFIL DE DYSPRAXIE VERBALE

La dyspraxie verbale est un trouble du développement des sons de la parole qui affecte la planification et de la coordination des mouvements de la parole. Une personne dyspraxique a donc de la difficulté à bien planifier les séries de mouvements nécessaires pour parler.

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La dyspraxie verbale est un trouble développemental et neurologique, qui est présent dès la naissance de l’enfant. À l’heure actuelle, aucune cause précise n’a clairement été identifiée : la dyspraxie entrave le développement neurologique du cerveau sans être spécifique à une zone en particulier. Les garçons sont toutefois plus à risque que les filles de présenter une dyspraxie verbale, dans une proportion de 4 pour 1. Souvent détecté durant l’enfance, ce trouble est persistant, de sorte que certaines difficultés peuvent demeurer jusqu’à l’âge adulte.

La dyspraxie verbale se manifeste par une difficulté à prononcer les mots de manière précise et constante. L’intelligibilité de ces enfants, c’est-à-dire leur capacité à se faire comprendre par leur entourage, peut être significativement réduite. Plus les phrases et les mots sont longs et complexes, plus les transformations de sons dans les mots seront importantes. Ainsi, d’une fois à l’autre, un même mot peut être prononcé différemment. L’enfant dyspraxique semble parfois ne pas savoir comment placer sa bouche pour prononcer les mots (tâtonnement articulatoire).

La dyspraxie verbale est souvent présente en concomitance avec d’autres difficultés, telles que :

  • des difficultés de langage ou un trouble développemental du langage;
  • une dyspraxie bucco-faciale: difficulté à bien planifier les mouvements volontaires du visage (grimace, sourire, alimentation, etc.), au-delà des mouvements de la parole;
  • une dyspraxie motrice: difficulté à bien planifier les mouvements volontaires du corps (bras, jambes, etc.).

Ainsi, il est important de consulter en orthophonie si votre enfant présente certaines des manifestations suivantes :

  • peu de babillage ou babillage peu varié en bas âge;
  • apprentissage lent et difficile des sons de la parole;
  • absence de certains sons dans le répertoire de l’enfant;
  • efforts marqués pour bien placer la bouche afin de dire des sons et des mots (tâtonnements);
  • productions variables des syllabes et des mots d’une fois à l’autre;
  • difficulté à enchaîner les sons et les syllabes pour produire les mots, en particulier lorsque les mots ou les énoncés sont longs;
  • difficulté à se faire comprendre;
  • contrôle de la salive difficile;
  • historique de difficultés sur le plan de l’alimentation.

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Il est parfois nécessaire de stimuler mécaniquement la zone buccale.

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Des exercices de tonification, des praxies oro-faciales sont alors préconisées.

Nous pouvons alors utiliser des grimaces, des jeux de l’oie, mémory et autres joyeusetés logopédiques !